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Sarkozy: dur retour sur la terre du «candidat du pouvoir d’achat»

Le Président était ce mardi en déplacement dans les Ardennes. C'est dans cette région qu'en 2006, le candidat Sarkozy avait vendu ses réformes sociales et son fameux slogan «travailler plus pour gagner plus».

 

Nicolas Sarkozy face aux ouvriers de La Fonte Ardennaise

  • Ils ont, certes, pris la poussière, depuis la précédente présidentielle, mais les revoilà sortis du vestiaire: les habits du «candidat du pouvoir d’achat», celui qui parlait franc aux «ouvriers qui ont un métier dans les mains» et à la France qui «se lève tôt».

En déplacement dans les Ardennes, étape-clé de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a tenté de renouer avec l’électorat populaire et de rouvrir le chapitre «social» après la polémique autour du débat sur la laïcité et les offensives de ses ministres sur l’immigration. Les accents volontaristes et la force de conviction en moins. Et avec, en toile de fond, l’aveu de marges ultra-réduites par la crise économique et la nécessité de réduire les déficits.

Sur la fameuse «prime de 1.000 euros», le chef de l’Etat a pourtant démarré combatif. Au cours de sa visite d’une fonderie de Vrignes-aux-Bois, premier volet de sa virée ardennaise, il s’est montré ferme sour la tenue de ce dispositif, objet ces derniers jours d’un imbroglio entre Xavier Bertrand (Travail), François Baroin (Budget) et Christine Lagarde (Economie). «Je ne céderai pas», martèle-t-il. Et, dans ce coin touché par le chômage et la désindustrialisation, de cajoler le salarié, malmené par deux ans et demi de crise économique: «Quand il y a la reprise, j’affirme qu’il est normal que les salariés et les ouvriers à qui on a demandé des efforts pendant la crise bénéficient de la reprise.»

A propos de l’employé contraint au chômage partiel pour cause d’activité économique au ralenti, il lance: «Comment voulez-vous qu’il comprenne que 86 milliards d’euros sont distribués aux actionnaires? Si ça va mieux dans une entreprise, les salariés y sont pour quelque chose.»

«Je crois au travail, j’ai toujours cru au travail»

Une sorte de «gagner plus quand ça va mieux» pas si loin du slogan «travailler plus pour gagner plus» que Sarkozy avait justement théorisé en décembre 2008, pas si loin à Charleville-Mézières. «Je veux que celui qui travaille plus, il ait plus dans le portefeuille à la fin du mois», prônait-il alors, flattant «cette France qui souffre dont on ne parle jamais».

Plus tard en milieu de journée, devant les maires du département, le Président rejoue son refrain bien connu sur la «valeur travail»: «Je crois au travail, j’ai toujours cru au travail, ma vie s’est faite par le travail et le malheur absolu pour quelqu’un, c’est le chômage, pas le travail.»

Difficile de pousser plus loin la comparaison avec le candidat de 2007 champion de la droite, et le Président, battant des records d’impopularité et usé par quatre ans de quinquennat et de promesses trahies. D’ailleurs, s’il a juré de mettre en place la prime, Sarkozy a aussi fortement encadré ses conditions de versement.

Et s’est surtout employé, devant les élus - majoritairement de droite, une association des maires de gauche des Ardennes ayant appelé à boycotter la rencontre -, à justifier les efforts demandés aux Français. La faute, évidemment, de «la plus grave crise économique qu’ait jamais rencontrée le monde.» Et, petite musique aussi entendue, des réticences françaises à accepter les réformes: «La France ne peut pas rester à l’écart du changement. Partout dans le monde les choses changent, à une vitesse stupéfiante.»

«Il faut faire des économies»

Nicolas Sarkozy se défausse encore, autre classique, sur les 35 heures: «Travailler 35 heures dans une entreprise où l’on n’est pas respectés, dans des conditions de misère, qui ne respectent pas la santé, ça, c’est un drame.» Et reproche aux syndicats et au Medef de n’avoir jamais lancé la discussion sur le partage de la valeur ajoutée en entreprise: «Ca fait deux ans que je [leur] demande de négocier. En deux ans, [cette discussion] n’a même pas commencé.»

Surtout, les budgets «en déficit depuis 35 ans» obligeraient plus que jamais à serrer la vis. «Je n’ai pas été élu pour que la France se trouve dans la situation du Portugal, de la Grèce ou de l’Irlande», menace Sarkozy. Et tant pis pour la «fermeture d’une classe ou d’un bureau de poste»: «Je vous demande de raisonner en citoyen français. Il faut faire des économies, nous n’avons pas d’autre choix.»

«Retour sur les lieux de son crime»

Avant sa venue, Claudine Ledoux, maire (PS) de Charleville-Mézière, a jugé «intolérable que Nicolas Sarkozy revienne sur les lieux de ses promesses inconsidérées», tandis que Nicolas Dupont-Aignan a raillé un Président «dans la peau d’un récidiviste qui retourne sur les lieux de son crime». «Là où il avait promis aux ouvriers de ne pas les trahir», rappelle le leader de Debout la République.

«Je ne suis pas quelqu’un qui change comme une girouette, que les difficultés rebutent, que le mauvais temps impressionne», se défendra le chef de l’Etat. Qui semble loin, pourtant, de la machine à gagner de la campagne de 2007.

 

source:liberation.fr

Tag(s) : #Pouvoir d'achat
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