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Les fossoyeurs de l'emploi:

Marianne2 fait le bilan des réformes qui contribuent à fragiliser l'emploi en France. Après les auto-entrepreneurs, le cumul emploi-retraite. Une réforme qui fragilise l'emploi des jeunes, et rompt la solidarité entre les générations.  
Sarkozy l’a assuré : « Je ne serai pas le président qui laissera notre système de retraite aller à la faillite », « quand viendra le temps de la décision à la mi-2010, que nul ne doute que le gouvernement prendra ses responsabilités », « il faudra que tout soit mis sur la table : l'âge de la retraite, la durée de cotisation et la pénibilité ».  Dans ces conditions, les mesures prises pour inciter les retraités à conserver une activité professionnelle, au premier rang desquelles l’assouplissement des conditions de cumul emploi-retraite, correspondent évidemment plus à un premier coup de boutoir contre la retraite à 60 ans qu’à une véritable volonté d’améliorer le déficit de la branche vieillesse du régime général — 11 milliards d’euros annoncés en 2010. Ne serait-ce que parce que le cumul emploi-retraite n’a aucun impact financier sur ce déficit.

Depuis le 1er janvier 2009, les retraités ont en effet la possibilité, dès 60 ans s’ils ont tous leurs trimestres, ou à partir de 65 ans pour les autres, de cumuler leur retraite à taux plein (retraite complémentaire incluse) avec un emploi salarié et ce sans plafond ni délai de latence. Jusqu’alors, il devait s’écouler 6 mois minimum entre la mise à la retraite et la reprise d’un emploi salarié chez le dernier employeur, et surtout le cumul était plafonné à la moyenne des trois derniers mois de salaire du dernier emploi occupé par le retraité. Ces deux verrous, qui en ont fait hésiter plus d’un, ont sauté. Bilan pour les caisses de retraites : zéro.

Désormais, on peut avoir un salarié ultra-calé pour le prix d'un jeune sans expérience
En revanche, les lois d’airain de la politique de l’emploi en France en ont pris un coup. Terminé, le « place aux jeunes »  qui a toujours été de mise depuis les années 70 et le premier choc pétrolier, surtout en période de crise économique. Oubliée, la solidarité entre les générations. Balayée, la valeur de l’expérience.

« Libérons les seniors ! » tonitruaient Xavier Darcos et Laurent Wauquiez
dans une tribune publiée par les Echos le 4 novembre dernier. Invoquant « la solidarité intergénérationnelle » ou encore «le travail comme valeur essentielle de notre modèle social », ils s’y félicitaient que le cumul emploi-retraite « ait séduit 7 % des « liquidants » depuis le début de l'année ». On a envie de leur répondre que ce système a aussi séduit les patrons. On les comprend : grâce au cumul, qui permet de faire de belles économies sur les salaires (il ne faut pas rêver : rares sont les patrons qui accordent à leurs cumulards les mêmes salaires qu’avant la retraite), ils peuvent désormais se payer un salarié expérimenté… pour le prix d’un jeune. L’expérience professionnelle n’a donc plus de valeur, puisque son coût avoisine ainsi celui de la bleusaille. Quant à la « solidarité intergénérationnelle » si chère à nos ministres, elle se mue en rivalité :  aujourd’hui, un retraité se positionne exactement de la même façon qu’un jeune sur le marché du travail. Lui aussi, il n’est « pas cher ». Et en plus il peut rapporter plus gros. Pourquoi les chefs d’entreprise hésiteraient-ils ?

Résultat, si le taux d'emploi des 55-64 ans a notablement progressé depuis le début de l'année 2009 malgré la crise — il a atteint 42%, contre 37,8% en 2008 — le taux d’emploi des jeunes, lui, plonge de 4,5 points sur la même période. Les défenseurs du cumul emploi-retraite ont beau jeu d'expliquer que le taux d'emploi des seniors en France est très en deçà du taux moyen observé en Europe (45,6%), et de rappeler que l'objectif fixé par les accords de Lisbonne est d’atteindre 50% en 2010. Ils oublient au passage que la France affiche surtout l
’un des plus faibles taux d’emploi des jeunes de tous les pays de l’OCDE et qu’un jeune chômeur français sur quatre passe plus d’un an au chômage, contre un sur cinq en moyenne dans l’OCDE.

marianne2.fr
Tag(s) : #Protection sociale
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