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L'abandon par Abilio Diniz du projet de rapprochement entre la filiale brésilienne de Carrefour et le distributeur Grupo Pao de Açucar (GPA) constitue un nouveau revers pour le géant français de la distribution qui bataille pour redresser ses performances dans les pays matures d'Europe.

Le retrait de la banque publique BNDES, censée financer en partie l'opération, doublé de l'opposition massive exprimée mardi par le conseil d'administration de Casino, ont eu raison de la détermination affichée jusqu'ici par le président de GPA, le milliardaire Abilio Diniz.

Dans une brusque volte-face, l'homme d'affaires a annoncé la nuit dernière que le projet était "suspendu", mettant fin aux espoirs de Carrefour de pouvoir accroître son exposition dans un marché stratégique à forte croissance.

Le deuxième distributeur mondial reste dans une posture délicate. Déjà affaibli par trois avertissements successifs sur ses résultats depuis l'automne dernier, il a annoncé mercredi que son bénéfice opérationnel allait chuter de 23% au premier semestre en raison de ses mauvaises performances en France.

Il n'a pas renoncé pour autant à ses objectifs annuels que l'ensemble des analystes jugent pourtant hors de portée.

CASINO A JOUÉ SUR TOUS LES TABLEAUX

"Le deal brésilien est mort. C'est un nouveau coup dur pour la stratégie et le management de Carrefour", note un analyste qui a souhaité garder l'anonymat.

Le géant français s'est selon lui fourvoyé dans un dossier compliqué et dont l'issue était pour le moins hasardeuse compte tenu des engagements existants envers Casino.

Pour Hervé Mangin, gérant chez Axa IM, le marché craint que le Brésil ne rejoigne la série des faux espoirs donnés par le groupe au cours des dernières années.

En Bourse, après de nouveaux plus bas touchés en ouverture, le titre s'est redressé et affichait une progression de 0,8% à 22,17 euros vers 14h15, dans un marché stable.

A ces niveaux de cours, il accuse une chute de plus de 28% depuis le début de l'année.

"On arrive à une valorisation véritablement à la casse. Les investisseurs achètent, à ce prix, sans se poser la question du management ou de la stratégie", expliqué un trader.

Casino, en faveur de qui le marché avait déjà largement arbitré mardi, prenait quant à lui 2,13% à 64,84 euros, limitant sa perte à 11% depuis janvier.

"L'opposition massive du conseil de Casino a été le principal élément ayant déterminé Diniz à faire marche arrière", a commenté un proche du dossier. Pour le Brésilien, cette opération n'était pas concevable sans l'accord du groupe stéphanois, a-t-on ajouté.

Il est vrai que dans la bataille, Casino n'a pas faibli. Attaquant d'abord Abilio Diniz devant un tribunal arbitral, procédant ensuite à un intense lobbying auprès des autorités brésiliennes en parlant d'"expropriation" et se livrant enfin, via un conseil d'administration unanime (à l'exception de la voix d'Abilio Diniz) à une attaque en règle de l'ensemble des aspects économiques du projet.

UN FACE-À-FACE DÉLICAT

Alors que Carrefour avait soumis son accord au feu vert de la BNDES, le groupe français n'a pu que prendre acte mercredi matin de ce que "les conditions d'une fusion ne sont pas réunies".

Son directeur financier a cependant précisé mercredi lors d'une conférence téléphonique, que si une nouvelle offre lui était présentée, Carrefour pourrait l'étudier.

Voyant faiblir au fil des jours le soutien des pouvoirs publics de son pays, Abilio Diniz avait assuré avoir la possibilité de trouver d'autres moyens de financement que ceux de la BNDES.

Mais en l'état actuel des choses, on voit mal comment il pourrait revenir vers Carrefour avec une proposition qui ne ferait toujours pas l'affaire de son concurrent français.

A court terme, la question se pose du face-à-face difficile entre Abilio Diniz et Jean-Charles Naouri et de la gouvernance d'un groupe (GPA) qu'ils co-contrôlent ensemble via sa holding Wilkes.

Certains observateurs évoquent une possible sortie d'Abilio Diniz avant l'échéance d'un pacte qui le lie à Casino.

"Aujourd'hui, Casino a clairement marqué des points. Le pacte avec Diniz semble sans défaut, Casino a le droit pour lui, un facteur qui a progressivement été intégré par les cercles politiques brésiliens", note un investisseur.

Allié historique de Casino au Brésil, Abilio Diniz avait proposé fin juin à Carrefour, dans un schéma complexe, de fusionner ses activités brésiliennes avec celles de GPA pour donner naissance à un poids lourd du secteur pesant plus de 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Ce schéma rapidement approuvé par le conseil de Carrefour, avait immédiatement provoqué les foudres de Casino qui, aux termes d'un pacte d'actionnaires signé avec Abilio Diniz il y a dix ans, peut prendre le contrôle de GPA à compter de juin 2012.

 

source:Reuters-Nouvelobs

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