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Puis-je vous aider à travailler plus pour gagner autant?

Depuis quelques temps, des hypers marchés Carrefour ont décidé d'ouvrir leurs surfaces de vente le dimanche matin, jusqu'à 13H.

Dans son éditorial, Jean-Yves Chaussin, délégué national FO des Hypermarchés Carrefour France, mettait l'accent sur ce risque de banalisation du travail dominical pour les salariés des hypermarchés. Il rappelait alors  dans ce cadre, la mobilisation des salariés de l'Hypermarché Carrefour de la Roche sur Yon, les annonces similaires remontées d'un  peu partout, comme les Hypers Carrefour de Niort, Anglet, Saint Malo, Draguignan, Nîmes, Château les Martigues, Montélimar, Perpignan, Puget, Trans en Provence, Gennevilliers... En voyant toute cette liste, on ne peut pas dire qu'ils s'agissent que de magasins saisonniers!

Mais que veut donc faire Carrefour au niveau du travail dominical?

Officiellement,  ce ne seraient que des cas isolés mais comme le dit le proverbe, "il n'y a pas de fumée sans feu".

L'ouverture des hypermarchés de dimanche, serait-elle pour Carrefour, la solution miracle pour reprendre des parts de marché et augmenter le chiffre d'affaires qui lui fait défaut au niveau des hypers! Serait-ce, le moyen pour attaquer Leclerc, Inter Marché, Système U et consors,  adeptes des ouvertures dominicales jusqu'à 13H. Serait-ce l'esquive trouvée dans un bureau climatisé pour répondre au e.commerce, toujours favorisé au niveau de la législation fiscale par rapport au commerce sectoriel!

Rien ne ressort au niveau du national, pourtant les craintes de voir certains hypermarchés réalisant au moins 80% de leurs chiffres d'affaires en alimentaire ouvrir tous les dimanches matin subsistent.   

Quels en seront les impacts économiques et sociaux?

Sur le plan économique, Carrefour pourrait y gangner en termes de parts de marchés, au grand bonheur de ses actionnaires. En termes de chiffres d'affaires, au niveau la banalisation sur travail domical, le résultat risque fort d'être lissé sur 7 jours au lieu de 6, avec à la clé une forte augmentation des coûts de distribution  et un risque non avoué, de perdre l'évènementiel des 5 ouvertures domicales actuellement possibles.

Sur le plan social, avec une majoration de 0 à 20% du taux horaire, travailler le dimanche n'augmenterait en rien le pouvoir d'achat de salariés et risquerait même de le réduire avec une augmentation du coût de transport supplémentaire pour 4 heures de travail, le tout pour une majoration de 8€ et encore si le salarié travaille le lundi matin! Travailler plus pour gagner autant devrait donc possible.

Il y a quelques temps, on nous avait dit que la loi sur le dimanche dite "loi Maillé" fixait les choses dans le marbre et qu'on n'y reviendrait plus. On y revient!

Il y a quelques temps, on nous avait dit que l'équilbre prônait par la négociation, salariés et commerçants pour répondre aux commerçants de s'adapter à l'évolution des modes de vies. De quelle négociation parlons-nous?

Les considérations sociales, quant à elles, à savoir l’impact de cette dérogation sur les travailleurs concernés et leurs familles, ne paraissent pas avoir été prises en compte ou en tout cas pas au même titre que les considérations économiques.

L’extension du travail le dimanche s’inscrit dans une logique de flexibilisation et de déréglementation du temps de travail rappelait Jean-Claude Mailly. De fil en aiguille aucune période ne doit pouvoir être considérée comme non travaillée (dimanche, nuit, par exemple). On suit ainsi la même logique que celle de la dérégulation des marchés financiers qui est une des causes de la crise de système que nous traversons. Les motifs invoqués (volontariat, réponse aux besoins, créations d’emploi) ne sont que des alibis de communication. Ils font fi des questions économiques et sociales et du soubassement idéologique selon lequel la libre concurrence serait par nature bénéfique.

Ce qui détermine le volume de consommation c’est avant tout l’évolution du pouvoir d’achat, non les plages d’ouverture. D’un autre côté, toute tendance à la banalisation conduit à effacer le caractère dérogatoire et les suppléments salariaux correspondants. Enfin, fondamentalement, l’extension du travail le dimanche s’inscrit dans une logique d’individualisation des comportements, par ailleurs décriée, voir redoutée. Avoir un jour dans la semaine où l’on peut avoir la certitude de voir qui l’on veut et faire ce que l’on veut n’est pas de la paresse mais tout simplement du savoir-vivre.  

La France déjà épinglée sur le travail le dimanche.

L’Organisation internationale du travail (OIT) a épinglé la France sur le travail dominical, estimant que la hausse des dérogations au repos hebdomadaire obéit à des «préoccupations économiques» sans prendre en compte l’«impact» social pour les salariés.

Ouvrir les Hypermachés le Dimanche quel cynisme!

Le cynisme, c’est surtout sur la notion de progrès. Confondre le progrès social et le progrès dit économique ou financier, c’est surtout leurrer les salariés, les Français.

Aujourd’hui, l’ouverture du dimanche ce n’est pas le service au public. Dans les hôpitaux oui, dans les services d’urgence oui mais dans les services commerciaux non.

Le dimanche n’est pas un jour comme les autres. Si on ajoute à cela qu’il n’y a eu aucune concertation avec les Français, aucune concertation avec les professionnels, aucune concertation avec les partenaires sociaux qui sont tous opposés à la banalisation du travail dominical, Carrefour n'écouterait que les intérêts financiers des plus gros.

Demain, les commerçants ruraux verront leurs clientèles disparaître puisqu’on leur dit maintenant que les dimanches, ce n’est plus la famille, le sport, les réunions entre amis, la vie associative, culturelle ou spirituelle mais ce sera d’aller dans les grandes surfaces.

Cette décision unilatérale est  injuste, inique et cynique parce qu’il ne mesure pas l’impact social et humain de demain mais visiblement qu’importe pour le capital et ses valets puisque le commerce pourrait y gagner.

Dire non à la banalisation du travail dominical, c’est simplement un peu d’humaniste, un peu de réalisme et un peu de bonheur pour les habitants de notre pays.

Le syndicat Force Ouvrière de Carrefour Venette rappelle son attachement aux valeurs sociétales basées sur le progrès, mais le vrai progrès, sur l’humaniste, sur l’équité, sur la générosité et le progrès social.Les salariés et les consommateurs ne sortiront pas gagnant de cette décision.

Alors, si vous partagez nos valeurs, demain ne cautionnez pas cette décision injuste, destructrice d’emplois, de pouvoir d’achat et de progrès social. Gardez votre dimanche pour votre famille, vos amis. C'est "un véritable choix de société" car, "en favorisant l'ouverture des grandes surfaces le dimanche, on veut nous emmener dans l'hyper-consumérisme" alors qu'on a besoin d'un temps (...) pour la vie familiale, associative, personnelle et spirituelle".

Ouvrir les Hypermarchés estune mesure absurde, qui ne créera pas d'emplois, aggravera la condition de beaucoup de salariés, nuira aux petits commerces , et aux commerces de proximité que sont les "Contact", les "City" , les "Express". Les fréquenter les dimanches serait se rendre complice de la destruction du progrès social.

Aujourd'hui, les caissières, les équipiers de vente,les vendeurs...

Demain!

Peut être vous?


 

 

Le travail le dimanche : quelle réglementation ?

La législation française garantit aux travailleurs un repos de 24 heures consécutives chaque semaine, en principe le dimanche. Il existe toutefois des dérogations au principe du repos dominical. Voici les différents cas où le travail le dimanche est autorisé.

Généralités Selon le Code du travail.

U salarié ne peut pas travailler plus de 6 jours par semaine et le jour de repos hebdomadaire des salariés est en principe le dimanche.

Il existe toutefois des exceptions au principe du repos dominical.

Le travail le dimanche résulte de plusieurs dérogations qui peuvent être permanentes ou temporaires, soumises ou non à autorisation, applicables à l’ensemble du territoire ou à certaines zones précises.

A noter : certaines dispositions particulières s’appliquent aux départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin (voir les articles L. 3134-1 à L. 3134-15 du Code du travail).

Dans certains cas, des compensations sont prévues pour les salariés appelés à travailler le dimanche. Ces compensations peuvent être fixées par le Code du travail ou résulter des conventions ou accords collectifs applicables dans l’entreprise, ou encore être prévues par le contrat de travail.

Les dérogations permanentes.

Une autorisation permanente de travailler le dimanche est accordée sans formalité aux entreprises dont le fonctionnement ou l’ouverture est rendu nécessaire par les contraintes de la production, de l’activité ou de la vie sociale.

L’article R. 3132-5 du Code du travail dresse une liste complète des secteurs concernés, notamment :

• les fabricants de produits alimentaires destinés à la consommation immédiate

• les hôtels, restaurants et débits de boissons

• les débits de tabac

• les entreprises de spectacles, les musées et expositions

• les transports

• les producteurs et distributeurs d’énergie

• les hôpitaux et les pharmacies de garde

Dans ces cas d’autorisation permanente, le dimanche est travaillé sans majoration de salaire et le repos hebdomadaire est attribué un autre jour de la semaine par roulement

. A noter : dans les commerces au détail de produits alimentaires, le jour de repos hebdomadaire peut être accordé le dimanche à partir de 13 heures.

Dans le secteur industriel, un accord collectif ou une autorisation de l'inspecteur du travail peut prévoir :

• un travail en continu pour des raisons économiques (aucun supplément de rémunération n’est accordé et le jour de repos est attribué par roulement)

• ou une équipe de suppléance, chargée de travailler les jours de repos de l’équipe principale, y compris le dimanche (les salariés suppléants sont payés au moins 50% de plus que les autres).

Les dérogations municipales et préfectorales.

Certaines dérogations peuvent être autorisées par le maire ou le préfet, notamment pour les commerces.

L'article L-221-5 du Code du travail stipule que le travail le dimanche est interdit dans les commerces, sauf dérogations spéciales des autorités.

Ces dérogations peuvent s’appliquer à certaines zones du territoire délimitées par le Préfet. Selon le cas, elles peuvent être temporaires ou permanentes (c’est-à-dire s’appliquer toute l’année ou à certaines périodes de l’année seulement). En pratique :

• un commerce peut demander au maire (ou à Paris au préfet) une autorisation d'ouverture 5 dimanches par an • le préfet peut autoriser, par dérogation, un commerce à ouvrir provisoirement le dimanche si la fermeture "compromet le fonctionnement normal de l'établissement".

• les commerces situés dans des communes ou zones touristiques ou thermales peuvent ouvrir toute la journée du dimanche;

Dans tous les cas, le salarié doit récupérer un jour dans la quinzaine qui précède ou suit le dimanche travaillé.

Des compensations financières, comme une majoration de la rémunération, peuvent être prévues. Dans les deux premiers cas, les salariés perçoivent une rémunération au moins égale au double de la rémunération normale. En revanche, cette contrepartie financière n’est pas obligatoire dans les zones touristiques ou thermales.

A noter : un commerçant indépendant ou un franchisé peut ouvrir le dimanche en toute légalité, à condition de ne pas faire travailler un salarié.

Les dérogations dans les PUCE

La loi Mallié du 10 août 2009 a étendu les dérogations autorisant le travail le dimanche.

Cette loi a créé les PUCE ou périmètres d'usage de consommation exceptionnelle dans trois agglomérations : Lille, Marseille et Paris.

Dans ces zones commerciales, les règles applicables sont les mêmes que celles prévues en cas de dérogations destinées à éviter un préjudice au public ou au fonctionnement normal de l’établissement :

• principe du volontariat (les salariés volontaires doivent exprimer leur accord par écrit)

• absence de discrimination

• garanties et contreparties accordées (les heures de travail effectuées le dimanche sont payées au moins le double de la rémunération habituelle).

Carrefour veut-il ouvrir ses Hypermarchés le dimanche matin?
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